Style de Thkp Mam. XIIe - XIIIe siècle.Grès, long. 91 cm, larg. 40 cm, haut. 84 cm. (Muséum d'Histoire naturelle de Lyon, n° 81001998).

Ce fragment de dragon possède toutes les caractéristiques du style de Thdp Mani, avec ses outrances et sa forte originalité. Sa particularité demeure l'abondance du décor, qui occupe tout l'espace sculpté, minutieusement. On y retrouve les séries des « épissures » au cou, et autour des oreilles, le motif de Thdp Mam » en collier entre le corps proprement dit et le cou. Ce motif est la « signature du style du même nom (qui va de la fin du XIe siècle au début du XIVe), depuis les travaux de Ph. Stern1.
La coiffure, qui prolonge les yeux exorbités, est tout à fait extravagante : de part et d'autres d'une crête redentée s'aligne une série de cinq mèches horizontales, chacune à torsade différente. On retrouve ce motif sur la tête des lions atlantes de la même période. On sait que le dragon fait partie du bestiaire cham dès le Xe siècle, peut-être sous l'influence sino-viêtnamienne, et qu'il n'apparaît dans la statuaire khmère qu'avec le style d'Angkor Vat.


Il existe, au Musée de Da Nang, trois types de dragon de la période qui relèvent de deux traditions tout à fait distinctes selon nous. Le premier type, à gros grelots, dont on connaît deux exemples, représente le monstre couché, en position de soumission (n° 42.48 et 42.49 de ce musée), le deuxième, aux pattes arrière réunies en une sorte de colonne dressée, est muni de grandes cornes courbes et ne comporte pas de crocs inférieurs. Ces deux dragons doivent sans doute beaucoup à l'influence vietnamienne, encore que cette influence reste à analyser en détail. Le troisième type, représenté à Dà Nang par deux statues mutilées placées à l'entrée de l'allée de ce Musée (n° 42.2 et 42.3), montre un dragon dressé révélant une certaine continuité avec les dragons de Tra -Kieu. C'est à ce type qu'appartient celui de Lyon, ce dernier comportant des crocs encore plus stylisés

"Les oeuvres Cham du Muséum d'Histoire naturelle de Lyon" Emmanuel Guillon

1 Ph. Stern, 1942, à propos du piédestal K aux seins », pl. 45.