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Les Dvârapâla de My So'n E 4

Marie-Christine DUFLOS 1

Le sanctuaire E 4 du cirque de My So était au début du siècle un des rares monuments du groupe à peu près conservé.

H.Parmentier décrit un certain nombre de sculptures qui en pro­viennent 2. Ce sont un piédestal, sur lequel était la statue de culte, acéphale et aux bras cassés, identifiée comme étant un Çiva3, un bas-relief qualifié de linteau4, un tympan figurant une Durga Mahishâsuramardini5 ainsi que deux dvârapâla et un nandin sans collier, ce dernier ne paraissant pas toutefois provenir du monument lui-même.

Les dvârapâla, mesurant 1,80 m, sont debout dans une position parfaitement statique. Leurs gestes comme leurs cos­tumes sont symétriques (excepté le cordon brahmanique qui leur barre la poitrine dans le même sens à partir de l'épaule droite). 

Seul l'un d'entre eux a été dessiné par H. Parmentier (tome 2, Fig. 110), et c'est le même qui est repro­duit sur un cliché de l'EFEO (cliché 13.18-301 ; Stem 1942 : Pl. 61 a ; Bois­selier 1963 ; Fig. 148). Dans la notice de la photo , Ph. Stem indique6 que la pièce est conservée au Musée de Tourane, mais il ne figure plus actuelle­ment dans ses collections.


Dvârapâla de E4 d'après Parmentier, 1918

Le dessin et la photo présentent le dvârapâla cassé à divers endroits : mollet gauche, ventre et bras droit avec un manque important entre le nombril et la poitrine et un autre au niveau du poignet droit, bras gauche manquant. Malheureusement le négatif de la photo a dû être endommagé lors du développement et une tache impor­tante apparaît à la hauteur de la tête ce qui rend difficile de préciser si elle faisait bloc avec le torse, ou si elle en était déjà séparée par une cassure.


Dvârapâla d'après Boisselier, 1963


Le dessin de Parmentier la montre solidaire du torse, mabis, sur la photo, trois liens paraissent maintenir les morceaux en place, l'un passant à la hauteur des yeux, l'autre au dessus de la moustache, le troisième placé en diagonale entre la base du cou à gauche et la cassure du bras droit.  À ce niveau les manques sont : une partie de la coiffure, l'oreille et la boucle d'oreille du côté gauche, une partie de la coif­fure et l'oreille droite, l'oeil droit, la par­tie avant de la coiffure qui au dessus du front devait être débordante.
La photo publiée par Ph. Stem puis par J. Boisselier a été retouchée. Elle fait appa­raître les yeux fermés alors qu'ils sont ouverts, et escamote la boucle d'oreille droite assez massive qui figure sur le des­sin et que l'on devine encore sur la photo de l'EFEO, sans pouvoir en distinguer les détails. Un dernier point, H. Par­mentier parle de l'air débonnaire (« bo­nasse ») des dvârapâla, malgré la pré­sence de crocs. En fait, au lieu de dents, il faut plutôt voir une moustache au des­sus de la lèvre supérieure.


Pendant du Dvârapâla, in situ, cliché Véronique Crombé

Le second dvârapâla est toujours sur le site (de même que le Nandin), dressé en plein air non loin des restes de E 6. Une érosion impor­tante des détails de son costume et de ses parures résulte sans doute de son exposition en plein air pendant des décennies. Acéphale (aucun auteur ne signale que la tête manquait à l'origine), il porte un sampot dont le pan central, maintenu par une ceinture en tissu, des­cend jusqu'à ses pieds, la poche plissée en V est plaquée sur sa cuisse gauche. Sa main gauche fermée sur un objet indéterminé (une arme ?) est ramenée sur sa poitrine, mais le bras est cassé de  l'épaule au poignet. Sa main droite est posée sur sa ceinture. Il porte un large collier et un brassard.
Ces oeuvres, qui présentent certains archaïsmes relevant du style de Khuong My, ont été intégrées par J. Boisselier dans le style de Chan Lô, prolongement du style de My So'n A (extrême fin du Xe, début du Xle siècles).

 

1 Conférencière des Musées nationaux attachée au Musée Guimet.
2 H. Parmentier « Les monuments du cirque de My So'n », BEFEO, 1904 : 875-876. Texte repris dans l'Inventaire..., tome I : 416-419.
3 H. Parmentier Inventaire..., tome 2 : Fig.103, p. 397-398, J. Boisselier 1963 : Pl. 149, p. 212 ; le lieu actuel de conservation est inconnu.
4 Déposé au Musée de l'École à Saigon en 1901 sous le n° S 14, il est transféré au Musée de Tourane (Dà Nang) en 1918, et s'y trouve tou­jours sous le n° 45.8. Catalogue du Musée de Dà Nang : Fig. 128-129-130, p. 146-147.
5 Déposé au Musée de l'École à Saigon dès 1901 sous le n° S 10, pour être transféré à Tourane à une date indéterminée. Voir J Boisselier 1963: Fig. 150, p. 212-213. Son lieu de conser­vation actuel est inconnu.
6 Ph. Stem, «L'art du Champa et son évolution » , Toulouse 1942: 120.






 
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